Définir l’intensité de soutien des jeunes en IMP 140

Posted by Luc Fouarge on janvier - 16 - 2015

PDF    140 réforme subvention

 

La lettre du Président et la réflexion du bureau sur la question de l’intensité de soutien.

Peut-on faire entrer les « 140 » dans une grille ?

Peut-on quantifier la qualité de l’offre nécessaire aux aux besoins spécifiques d’un jeune qui refuse ce dont il a besoin pour se  (re)construire ?

Chers Collègues et Membres,
 
Comme vous le savez, le subventionnement de l’accueil des jeunes 140 dans nos structures est en pleine réforme.
 
L’Awiph, pour répondre aux exigences budgétaires et pour garantir la transparence et la légitimité des dépenses engagées pour l’accueil de jeunes en SRJ, s’oriente vers un subventionnement à points, points dont la valeur est fixée en fonction de critères relevant de la catégorie de handicap, et à laquelle peut s’appliquer un coefficient multiplicateur en fonction de la lourdeur objectivée de la prise en charge.
 
Pourraient s’appliquer dès lors tant des grilles que d’autres repérages illustrant ou légitimant la charge réelle de prise en charge des jeunes.
 
Le Bureau du Groupement travaille sur ces questions depuis plusieurs mois, et participe à divers groupes de travail constitués par l’Awiph ou le Cabinet  du Ministre  Maxime Prévot.
 
Nous reconnaissons la nécessité de préciser davantage et clairement les financements octroyés, et de veiller à la meilleure et plus efficace prise en charge des jeunes.
 
Nous nous inquiétons des conclusions que d’aucuns pourraient tirer de l’application de grilles basées sur certains critères  ou repérages non adéquats par rapport aux spécificités de notre population 140.
 
Nous avons sollicité le CRESAM pour mener une recherche dont l’objet est d’affiner les critères adéquats pour apprécier justement la lourdeur de la prise en charge de chaque jeune 140, dont nous savons qu’il s’agit chaque fois de situations très spécifiques.
 
Le meilleur échantillon pour cette recherche, ce sont nos membres! Voilà pourquoi vous serez sans doute sollicités prochainement pour participer à cette recherche.
 
Nous comptons bien sur chacun pour répondre favorablement à ces sollicitations, ce qui donnera un échantillon des plus représentatifs, et permettra d’établir une base de données fiables et de qualité, que nous pourrons proposer lors des travaux menés sur les critères de lourdeur des prises en charge et de leur financement par points.
 
Nous en profitons pour souhaiter à chacun de vous, au nom des membres de notre Bureau, une très fructueuse et positive année 2015, qui sera celle d’une défense des jeunes 140 de notre Région.

Michel Vandercam, Président

Réforme subventionnement des IMP 140

Le projet de prendre en compte l’importance de l’offre d’un service aux besoins spécifiques d’un enfant est bien accueilli dans le secteur.
Il nous met au travail sur la définition des besoins de tel enfant et abandonne un financement basé sur une catégorisation du jeune. Un système qui nous conduit à penser besoins et offres plutôt que catégorie.
C’est une avancée en termes d’individualisation.

Il apparait nécessaire de réfléchir cette pondération à l’interne de la catégorie 140 telle que définie actuellement.

« 140 » évoque des difficultés psychologiques (névrotiques et/ou prépsychotiques) dont les réponses interdisciplinaires et interinstitutionnelles sont multiples, individualisées. Il y a une nécessité d’accompagnement permanent de ces enfants 140 en carence de transmission de pensée, pensée dont les catégories fondamentales sont le rapport au corps propre, au temps, à l’espace, la reconnaissance des émotions. Ces difficultés ont été repérées comme handicapantes pour les intégrations sociale, scolaire et professionnelle. Elles nécessitent la mise en œuvre d’approches multiformes éducatives, scolaires, médicales, psychothérapeutiques. La dimension des attentions à porter en matière de nursing ne sont pas absentes mais rarement à l’avant plan dans l’écriture à plusieurs mains du projet pour l’enfant.
La dimension familiale est toujours importante particulièrement quand l’état du jeune exige une prise en charge résidentielle pour offrir une nouvelle place à une famille en détresse face à ces difficultés parce qu’il est opportun d’offrir une séparation à but thérapeutique, avec maintien d’une place-fonction pour la famille.
Il s’agit d’approches instituées dans une perspective de soin dont le but est, si cela devient possible, d’accompagner le jeune et sa famille avec les moyens disponibles dans les services généraux de l’éducation, de la santé, du social voire de la protection de la jeunesse.
Les critères utilisables pour qualifier la prise en compte de l’enfant, de sa famille pendant ou hors des temps d’école seront donc en grande partie de l’ordre de soins dits de santé mentale.

Cela place la question de l’attribution de « points » dans une lecture différente de celle que l’AWIPH envisage lorsque le handicap est physique et/ou mental. Il est possible d’accompagner une personne porteuse d’un handicap mental vers plus d’autonomie sans ambitionner pour autant de la guérir de son handicap.
Par contre, il est possible d’aider un jeune de se « défaire » du handicap psychique qui l’affecte aujourd’hui. Il s’agit de traiter chez l’enfant des handicaps de développement humain fondamental, de l’aider à développer des potentialités.

Dans le passé, le « handicap caractériel » dont les fondements sont le plus souvent relationnels, psychologiques, a fait penser à d’aucun qu’il ne s’agit pas d’un handicap et que ces jeunes doivent recevoir des offres de services hors du champ du handicap. On les aurait volontiers redirigés vers les secteurs de l’éducation, de la protection de la jeunesse, de la santé mentale première ligne,…..…

Si ce débat est clos, il reste difficile de concevoir que l’acte de soin que l’état des jeunes dits caractériels réclame, soit mesurable comme peut l’être l’acte de nursing. Ce soin ne se mesure pas à l’aune d’un geste technique mais émerge d’un système relationnel pensé et institué. Ce temps n’a pas de mesure et l’adéquation des bonnes réponses peut varier en fonction des référentiels utilisés. En cela, il échappe à l’objectivation du geste que l’on peut offrir à un jeune dont l’état nécessite une assistance pour chaque activité de la vie.
Il ne peut donc être question de réduire l’acte de soin co-construit en équipe pour un jeune atteint de troubles caractériels à un geste technique comme cela est possible dans le nursing.
Une échelle de gravité des troubles caractériels ne pourrait donner une  valeur pondérée et mesurable à ces troubles.
Les offres indispensables seront donc la gradation du poids de chaque jeune dans les mesures mises en place pour l’accompagner vers une future, proche et/ou lointaine utilisation des services généraux au départ de et avec son environnement socio-familial.

Toute tentative de réduire la question à un comportement mesurable fait le jeu de la pathologie caractérielle. Elle suppose des réponses éducatives codifiées telles qu’on peut les rencontrer dans des milieux éducatifs « renforcés » auprès d’un public auquel ces dispositifs donnent d’excellents résultats. Si un modèle éducatif, repéré dans des grilles à travers des comportements et des réponses éducatives, suffit pour quelques-uns de ces jeunes c’est qu’une erreur d’aiguillage ne les a pas conduits en Internat Autonome de la CF.
Ces référentiels éducatifs sont voués à l’échec auprès de jeunes souffrant, depuis de nombreuses années, de pathologies névrotiques et ou pré-psychotiques. La prévisibilité les distancie du travail relationnel en profondeur, dans la permanence dont ils ont besoin pour faire le pas de côté qui les aide à mettre un pied dans une névrotisation qui les approche d’une meilleure santé mentale et relationnelle. L’enfermement de la relation éducative et soignante dans ce type de référentiel tend à desservir donc le jeune de la catégorie 140.

Nous plaidons donc pour un repérage de besoins et d’offres qui ne s’attarde pas sur des habilités, des conduites décrites en termes d’autonomie, de dépendances aux gestes d’un infirmier, d’une puéricultrice, d’un aide-soignant, d’un éducateur. Repérage indispensable dans les catégories de handicap qui demande qu’un professionnel fasse avec ou à la place de tâches tout à fait nobles et nécessaires.
Il faut concerner la mesure de l’INTERVENTION soignante, pas celle d’un simple soin.

Sur la question de la mesure ;
Il est possible, en se servant des outils de diagnostics et des manuels de psychiatrie, de cerner des éléments qui contribuent à approcher un diagnostic.
Il est difficile d’imaginer que ces éléments soient transformés en points et qu’une échelle de gravité puisse arriver à ce résultat. Il n’entrerait pas dans une échelle de calcul d’une compensation comme il est possible de le faire dans un handicap physique ou mental.
Une névrose peut être bien plus handicapante qu’un état pré-psychotique.
C’est donc bien comme l’exprime d’ailleurs Monsieur Riguelle, la spécificité de l’offre de service que réclame l’état (subjectif) d’un jeune qui pourra prendre une valeur.

Le Groupement des IMP 140 soutient d’autant plus la réflexion sur l’intensité de soutien qu’il a commandité une recherche au CRéSaM sur les critères d’ « intensité de soutien » pour l’orientation des jeunes en SRJ (ex IMP140). La finalité de cette étude sera de préciser comment évaluer les moyens à mettre en œuvre pour rencontrer les besoins des jeunes atteints de troubles caractériels.

Le bureau 140