Il ne mâche pas ses mots.

Ch. Quittelier, dirige une école EPSIS T3 et T2, enseignement secondaire spécialisé pour jeunes présentant des troubles psychiques. De ses expériences d’instit, de directeur et de père, il met les mains dans le cambouis. L’École, il connait, il l’aborde avec une grande sensibilité et une capacité d’empathie héritée, cultivée… il la regarde, la respire à travers les yeux, le coeur des élèves, des profs… Il en est parfois triste, amer, faché même mais jamais destructeur. C’est parce qu’il a des propositions construites, pensées et éprouvées qu’il peut laisser libre cours à ses dénonciations d’erreurs, de fautes, de maladresses, de dérapages des professionnels, administrations qui composent avec les familles la « communauté scolaire »

Ce livre est donc une contribution précieuse à tous qui oeuvrent à la bonne tenue de l’enseignement; les inspecteurs, les politiques, les enseignants, les associations de parents, les familles, les syndicats, les fédérations d’entreprises, les administrations aux services de l’insertion professionnelles, aux magistrats de la jeunesse et aux services de l’AAJ et de la Protection de l’Enfance, aux dispositifs français ITEP, à la Santé mentale, SSM et CMP, à la pédo-psy….parce qu’il met aussi le doigt sur les contaminations des organisations et des freins qu’elles engendrent.

Ch. Quittelier ne se pose pas comme clinicien mais il montre par les propositions qu’il est en mesure d’aider les équipes à passer de l’action éducative à la clinique éducative, de penser l’école comme productrice de bonne santé mentale alors que dans les constats il nous laisse voir ses côtés pervers.

« ….l’apprentissage de la parole qui parle de soi et des autres, celle qui permet de mettre le bon mot sur une inquiétude, une question, un doute, une blessure, un rêve. Oui, on doit apprendre à parler: ce n’est pas inné. Oui les communications non-verbales et l’écoute nécessitent un apprentissage au même titre que l’écriture et le calcul. » P 86-87

 Construire une autre école pour nos enfants. « Faire réfléchir le jeune sur son projet de vie dès sa rentrée dans le secondaire réduirait ces situations où l’élève sort essoufflé de l’obligation scolaire, sans projet de qualification»

 Si dans l’action politique, si sur le terrain on ne pense pas l’école dans ce qu’elle est instigatrice de développement personnel, pourvoyeuse de bonheur, de bien être dans le vivre ensemble et la citoyenneté, l’école sera boucémissairisée, rendue responsable de l’incapacité des jeunes à s’atteler à construire une société juste, sécurisante, solidaire, attachante et accueillante.

Ce livre va dans le concret des attitudes, des choix politiques, de la quotidienneté susceptible de mettre en marche cette société nouvelle que nous attendons, dans les faits, au-delà des discours. Cet ouvrage émerge d’une expérience humaine, d’un pragmatisme, d’une grande réflexion documentée et d’une éthique qui convient à nos aspirations.

Luc Fouarge