P.N. RYGAARD L’enfant abondonné de Boeck 2005

Posted by Luc Fouarge on septembre - 9 - 2010

Guide de traitement des troubles de l’attachement. Un chapitre particulièrement intéressant sur la mise en place de la thérapie du milieu.

Avant propos

Des milliers d’enfants et d’adolescents sont concernés par cet ouvrage. Les troubles de l’attachement touchent bien plus d’enfants qu’une  frange d’enfants adoptés, comme on le laisserait croire. Niels Peter Rygaard évoque les facteurs sociologiques responsables des troubles de dé-liaison qui ne cessent d’augmenter.  Ajoutons les parents, frères et sœurs, les  enseignants et les travailleurs de la santé mentale et du social, tous ces proches dont les résonances servent de chambre d’écho aux TA.

Cet ouvrage aidera les professionnels

à passer d’une soumission à la tyrannie du TA à une relation  conduite par l’adulte. Un guide qui aidera les adultes à tenir les rênes de la relation tout le temps qu’il faudra pour que l’enfant, le jeune puisse s’accommoder des ses nécessaires dépendances.  Plus tard nous lui apprendrons à  gérer ses dépendances nouvelles. Alors, il accèdera  à l’autonomie et à la responsabilité.

Il m’a semblé que tout l’art de nos services consiste à soutenir les adultes, familles et personnels, à repérer et composer avec l’emprise du jeune atteint de TA. Troubles du comportement,  bouclier contre l’indispensable attachement.

Niels Peter Rygaard  montre comment nous sommes invités à devenir partenaires de cette incessante quête de confirmations de leur peur de s’attacher. C’est quand le jeune interroge, à notre insu, nos propres douleurs d’attachement qu’il nous transforme en partenaire pathologique. Nous n’en sortirons pas indemnes. C’est là que nous avons à emprunter les yeux de notre équipe, de notre partenaire, de notre superviseur et parfois de notre thérapeute pour regarder ce que nos défenses nous interdisent de voir de nos expériences d’attachements et de séparations. Les analystes transactionnels décrivent bien cet instant dans le concept de méconnaissances ;  « processus actif et inconscient de non connaissance ».

Comme clinicien et directeur d’un service spécialisé la partie III me conforte dans ma quête de construction d’une culture d’équipe au service du  contenant institutionnel. L’organisation du milieu thérapeutique s’y décline comme cadre affectif, physique et social.

J’y trouve des pistes de travail qui rejoignent ma conviction que ces états se soignent bien plus par l’attention que l’équipe s’apporte à elle-même que de nos tentatives d’approche individuelle ou de groupe. C’est parce qu’il m’est possible de recevoir et de solliciter le regard d’un tiers sur l’émotion partagée dans ma rencontre avec un jeune atteint de TA que je peux prendre conscience du point d’accrochage dont se sert le jeune pour échapper à ma tentative d’accordage.  Le premier tiers que je rencontre est mon équipe.

Cette vision du travail en équipe suppose une ouverture de chacun au processus d’intervision. Attitude qui nous suggère d’abandonner nos frilosités relationnelles. Au nom du respect, de la décence hypocrite, les travailleurs sociaux se retiennent de porter un regard sur le travail du collègue dès lors qu’il est question de toucher à ses défenses. Cette pudeur mal placée mais fréquente est une aubaine pour ces jeunes qui tentent de nous faire partenaire du rejet. Elle  nous fait nous taire lorsque notre collègue, partenaire, est soumis à l’emprise des troubles de l’attachement. Non seulement mon collègue s’y  fait mal mais  il devient partenaire du non changement.

Dans cette 3eme partie, nous lirons des propositions concrètes pour  mettre au travail  la culture d’équipe et mieux construire nos interventions au regard des besoins spécifiques d’une clinique des jeunes atteints de TA. Une culture qui soutient le croisement des regards posés sur la relation, avec le concept de tiers circulant. Un geste professionnel qui  limite les réponses aux invitations symbiotiques lancées par les jeunes TA.

Les enseignants des classes de l’enseignement spécial et des ITEP trouveront comment mettre une clinique des troubles de l’attachement au service d’une approche pédagogique adaptée.

Bien plus qu’un guide, cet ouvrage aidera les familles, les accueillants et les soignants à utiliser leurs souffrances comme clignotant  les alertant de la tentative d’emprise d’une symptomatologie d’une rare force homéostasique.

Dans son introduction, Niels Peter Rygaard interroge le corps social, les intellectuels et les  politiques. Les acteurs de la santé mentale ne peuvent faire l’économie de ces questions. Ils ont à assumer leur rôle de courroie de transmission à l’égard des décideurs. Avec lui je crains que sans cela, la société, mobilisée dans la quête du profit et de la consommation favorise l’augmentation du nombre de jeunes atteints de troubles de l’attachement.

Le manque d’intérêt en faveur des personnes confrontées à l’éducation de ces enfants nous amène à constater à propos du placement familial, et des maisons d’enfants que trop souvent  « Ils sont en proie à la même dynamique émotionnelle que l’enfant dont ils s’occupent et par conséquent ne lui sont que de peu d’aide. »

Luc Fouarge

Directeur du COGA,  www.cog.be

Cofondateur de l’asbl « Groupement des IMP 140 »


Les IMP « 140 » (accueil et hébergement d’enfants et jeunes majeurs, atteints de troubles caractériels, près de 3000 en Communauté Wallonie Bruxelles, cfr l’Asbl « Groupement des IMP 140) et les ITEP en France (Instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques, près de 20 000 jeunes, cfr l’association AIRe) auxquels il faut ajouter la grande majorité des jeunes séjournants dans les services de l’aide à la jeunesse belges et des M.E.C.S. françaises (Maison de l’Enfance à Caractère Social), les réseaux de la Protection de l’Enfance et les familles d’accueil